Activités pédagogiques

Retour vers le passé

Par admin joliot-curie, publié le vendredi 26 août 2022 10:03 - Mis à jour le vendredi 26 août 2022 10:03
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« Au-delà du visible » : une rencontre journalistique et chorégraphique entre lycéens et personnes âgées.

Les élèves de seconde Métiers du Numérique et de la Transition Energétique du lycée Joliot Curie ont participé à un projet proposé par leurs professeurs de Lettres et d’enseignement professionnel, Mme Massat et M. Vincent, accompagnés par Hélène Bourgon, journaliste, et Sébastien Petit, chorégraphe.

Ce projet consistait à rencontrer et interviewer des personnes âgées et à restituer cette rencontre sous forme de spectacle chorégraphique. Le 8 mars 2022, les élèves ont rencontré les résidents de la maison autonome « Les Jardins d’Arcadie ».

Vous me direz : pour quoi faire ?... Il s’agissait d’interviewer ces personnes, après avoir été formés, avec l’aide de la journaliste Hélène Bourgon, aux bases du métier du journalisme audio : comment enregistrer, parler au micro, s’adresser aux personnes interviewées, préparer des questions…

Chaque personne âgée avait amené un objet, témoin de son histoire, de sa mémoire.

L., 93 ans, nous a raconté les « missions » que lui confiait son père, grande figure de la résistance, alors qu’elle était encore une enfant. Elle descendait le boulevard Arago jusqu’à la rue Broca, en jouant, « en faisant la fofolle », une missive dans la poche de son tablier d’écolière… Elle en était très fière : « Je savais que mon papa me faisait confiance et était prêt à donner sa vie pour libérer Paris ».

Malgré les malheurs (ses frères étaient prisonniers en Allemagne et sa famille était pauvre), son père et elle étaient toujours en train de chanter : « Il fallait de la joie, malgré le malheur ».

Devenue adulte, elle est devenue « perfo » (perforatrice) et a rencontré… un poinçonneur, qui est devenu son mari !

(Anasse, Lucas et Fabio)

Y., née en 1933, a également vécu son enfance pendant la guerre : son père s’étant fait arrêter, elle vécut en famille d’accueil, à Albi.

Elle avait amené son diplôme de couturière, une passion devenue un métier.

Le reste de la discussion reste confidentielle, car Y. nous a confié des choses intimes et personnelles que nous avons préféré garder pour nous…

(Hugo, Tom et Christophe)

J., infirmière en chirurgie, a eu une vie bien remplie : sportive accomplie, elle nous a fait part de la difficulté, à l’époque, d’être une femme dans un monde très masculin qui « malmenait un peu la femme pour savoir si elle était capable »...

Nous avons pensé qu’elle avait oublié d’amener un objet-souvenir mais elle nous a montré les baskets qu’elle portait aux pieds !

Un jour, lors d’un saut en parachute, elle a atterri en dehors du terrain de largage… sur un âne ! « J’ai embarqué mon âne, mon parachute, mes suspentes, et bien emmêlé tout ça. L’âne n’était pas content, et moi non plus. » Nous avons bien évidemment utilisé cette anecdote lors de la restitution.

Son sport préféré ? « La montagne, parce qu’il existe une autre dimension lorsque vous êtes en montagne : c’est du spirituel, du mystique, ça apporte beaucoup de plénitude ».

(Dylan , Baptiste et Enzo)

Enfin, C. nous a confié : « Depuis Mèze, nous avons entendu les sirènes et vu des bombes tomber sur Sète, la détruire ».


Elle travaillait pour son mari, mais n’était pas déclarée : « On vivait sous le régime du mari, c’est lui qui avait tout l’argent, qui régissait la maison ».

 

(Marwan, Ismail et Esteban)


 

Une fois enregistrés et retranscrits à l’écrit, ces entretiens ont été retravaillés en classe, de façon à en tirer des moments forts, des thématiques. A partir de cette matière autobiographique sonore, nous avons effectué plusieurs séances au théâtre Molière, accompagné par le chorégraphe Sébastien Petit, afin de « traduire » ces souvenirs en corps et en scène.

Le 19 avril, nous avons présenté un spectacle vivant devant nos aînés, aux Jardins d’Arcadie. Plusieurs tableaux chorégraphiques évoquaient les souvenirs que les personnes âgées nous avaient confiés, tandis que l’on entendait leurs voix, leurs récits, enregistrées et diffusées.

Le spectacle a été fort apprécié par les résidents, visiblement émus par notre travail. Nous sommes repartis heureux d’avoir pu partager ces moments de complicité avec eux. Malgré toutes les difficultés rencontrées au cours de leur existence (guerre, deuils, injustices…), ces personnes nous ont transmis beaucoup d’émotions et une belle leçon de vie : « On ne garde que les bons souvenirs, même dans le malheur : le malheur, on l’écrase. »

Les élèves de 2 MNTE 3 : Ismail Ben Hada, Renaud Jammes, Dylan Angles-Slimani, Thi-Nô Beauchet, Anasse Lakbir, Lucas Brunet, Hugo Ciolfi, Christophe Terrasse, Esteban Hurier, Tom Rojot, Enzo Salomé, Baptiste Rieu, Adil El Jebli, Fabio Di Isernia et Marwan Tayar.


 

La séance de rédaction de cet article a été co-animée avec Armelle Broussolle, professeur documentaliste au CDI du lycée Joliot Curie.

Nous tenons à remercier les A.E.S.H. qui nous ont bien plus qu'accompagnés dans ce projet, et Agathe, élève aux Beaux-Arts de Sète, pour sa participation.

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